Le jeudi 10 mai prochain, à 20h, les Nuits Bleues vous invite à une conférence/débat sur l'histoire du syndicalisme enseignant. Cette conférence sera animée par Loïc Le Bars, enseignant à la retraite et historien, auteur notamment d'un ouvrage sur La Fédération Unitaire de l'Enseignement, aux éditions Syllepse.
Les
instituteurs sont les premiers fonctionnaires, avec les postiers, à
avoir créé des syndicats à un époque où ce droit leur était
refusé. Les gouvernements avait toléré et parfois encouragé, dans
les toutes premières années du 20ème siècle, la
fondation d’amicales et leur regroupement dans des fédérations
qui, comme dans l’enseignement primaire, rassemblaient une majorité
du personnel. Mais il était hors de question d’accorder le droit
syndical aux « serviteurs de l’Etat » et plus encore de
les voir rejoindre la CGT. Pourtant, une petite poignée
d’instituteurs et d’institutrices, qui dès le début occupèrent
toute leur place dans ce combat, osèrent braver cette interdiction
peu de temps après l’apparition du mouvement amicaliste. Ce fut là
leur premier recours à cette « l’action directe » dont
ils allaient bientôt se réclamer.
Le syndicalisme enseignant naquit au moment même où le syndicalisme
révolutionnaire triomphait dans la CGT. Les premiers syndicats
d’instituteurs furent en effet créés en 1904 et se regroupèrent
l’année suivante dans la Fédération nationale des syndicats
d’instituteurs (FNSI). Leurs fondateurs étaient souvent de
sensibilité libertaire et proclamèrent leur volonté de rejoindre
les Bourses du travail et la CGT « pour y prendre de belles
leçons de vertus corporatives et y donner l’exemple de notre
conscience professionnelle » (Manifeste des
instituteurs syndicalistes publié en
novembre 1905). Car ils étaient convaincus que, « par leur origine,
par la simplicité de leur vie » et parce que c’était « aux
fils du peuple qu’ils étaient chargés d’enseigner », les
instituteurs appartenaient au peuple. « C’était donc au
milieu des syndicats ouvriers » qu’ils voulaient prendre
« connaissance des besoins intellectuels et moraux du peuple. »
Comment, dans ces conditions, ces pionniers, isolés dans une masse
jugée « profondément rétrograde », aurait-ils pu
ne pas devenir syndicalistes révolutionnaires ? Mais ils surent
aussi adapter cette doctrine à leur condition de fonctionnaires et à
leur rôle d’éducateurs du peuple. Leur syndicalisme
révolutionnaire fit la part belle à ce « refus de parvenir »,
pour reprendre la formule d’Albert Thierry, qui n’est pas
seulement un modèle de comportement individuel mais bien plus
profondément une expression de leur volonté de mettre l’école
« au service de la classe ouvrière ».
Ces
pionniers étaient peu nombreux, mais ni les menaces, ni la
répression gouvernementale ne purent les convaincre de faire marche
arrière et l’adhésion de la FNSI à la CGT devint effective en
1909. Parmi eux, quelques jeunes instituteurs et institutrices du
Maine-et-Loire, qui, à l’initiative notamment de Louis et de
Gabrielle Bouët, donnèrent naissance, le 17 novembre 1904, à un
syndicat qui allait jouer un rôle parfois décisif dans la FNSI.
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